Yann et Malika : Interview



Egalab donne la parole à un couple, Yannick et Malika, qui nous explique comment ils se répartissent les tâches au sein de leur foyer, en particulier en période de confinement.

Egalab : Le confinement lié à l’épidémie du COVID-19 a bouleversé le fonctionnement de beaucoup de famille. Est-ce le cas pour vous ?

Yannick : Avant le Covid je partais très tôt au travail et voyais à peine mes enfants le matin. Le soir je faisais toujours en sorte d’être présent avant 18H pour pouvoir aller les chercher et les amener 3 fois par semaines à leurs activités (danse, football, boxe, club).

Avec le Covid j’ai eu une période d’inactivité à laquelle je ne suis pas habitué. Très nomade, il m’a fallu du temps pour m’habituer à rester à la maison. La situation m’a permis de prendre le temps de revoir mes priorités professionnelles, de faire le point sur mes besoins en formation et d’améliorer mes compétences au travers de formation à distance. Je suis plus disponible et tous les jours je fais au minimum 1 à 2 heures d’activités sportives avec mes fils. Ne pouvant ni profiter de l’escalade et des activités nautiques, j’ai initié mon plus grand au TRX et je joue beaucoup avec le plus petit qui est très en demande.

Malika : Avant le Covid j’étais une maman très active et nous n’étions jamais à la maison. Très organisée, j’avais l’impression d’être hautement qualifiée dans ma fonction de MAMAN.

Avec le Covid, tout a changé. Au niveau de l’organisation de la maison, j’ai l’impression d’être une saisonnière avec un contrat précaire sans durée défini, sans réelle qualification pour le poste, avec des responsabilités au-dessus de mes compétences et en sous-effectif.

Il a fallu mettre en place un nouveau planning dans lequel j’occupe le poste en tant que titulaire de Maman et en remplacement de professeur d’école Maternelle et de Collège, d’animatrice d’ACM (accueil collectif de mineur), et d’agent polyvalente d’entretien et de restauration. Je travaille en moyenne 10/12h par jour 7 jours sur 7.


Egalab : Y’a-t’il un système de répartition des tâches au sein de votre foyer ?

Yannick : Je trouve qu’on s’occupe tout autant l’un comme l’autre des enfants, mais sur des taches différentes. Je ne suis pas très patient et j’aime beaucoup le sport, c’est pour moi l’occasion de partager mes passions avec mes fils. Nous faisons pas mal de bricolage aussi en prévision du déconfinement. Les planches de Surf et les vélos sont opérationnels pour cet été. Et j’aide Malika dans ses activités quotidiennes comme le ménage, les courses…Nous n’avons pas besoin d’échanger sur la répartition des taches cela ce fait naturellement.

Malika : Au niveau des enfants j’ai tendance à m’occuper de ce qui est moins « fun » comme la continuité pédagogique. Je suis plus sévère et plus exigeante en ce qui concerne le travail du grand qui est en 6e et donc plus présente pour lui. Mon second étant à la maternelle il peut se permettre plus d’activité récréative mais qui demande de la préparation (peinture, pâte à modeler…). Mes charges de travail sont plus importantes. Le cumul des postes et le manque de coupure créer une charge mentale très importante. Et au niveau domestique, en confinement le désordre s’installe plus rapidement. Au niveau du couple, Yannick a tendance a privilégier les activités extérieurs (entretien du jardin et du garage, activité sportive des enfants, jeux de plein air …), me laissant la gestion du quotidien.

À la maison rien a changé au niveau de la répartition des tâches ménagères si ce n’est que Yann qui ne supportait pas d’entendre parler des courses, c’est trouvé une passion pour cette activité qui permet finalement de sortir et de voir le monde extérieur.


Egalab : Êtes-vous satisfait de votre fonctionnement actuel ?

Yannick : Je suis satisfait de la répartition actuelle au niveau de la maison qui semble convenir à toute la famille. Je suis plus disponible et je vis des moments privilégiés avec eux. Le plus dur c’est de se réinventer chaque jour et de lutter contre l’ennui et les tensions entre les enfants. Ne pas être disponible en étant sur place, c’est aussi une notion qui a été difficile à faire comprendre aux enfants qui ne doivent pas venir me chercher pendant mon temps de télétravail. Alors on réinvente de nouveaux espaces et on dédie aux pièces une activité propre (chambre pour les temps calme et de travail individuel, le salon pour les temps collectifs). A la demande, en règle générale je reste disponible pour aider aux tâches domestiques et j’aime faire la cuisine. Je reste ouvert à la discussion et je participe volontiers.

Malika : Ce que j’apprécie dans notre organisation c’est avant tout la flexibilité. J’ai toujours éduqué mes enfants avec un planning très structuré et j’ai appris la spontanéité dans l’organisation. Une activité peut être reportée au lendemain sans aucune incidence.

Au début du confinement j’ai pensé que la suppression de l’éloignement suffirait à mettre à mal les inégalités au sein du couple. Mais pas du tout, je me suis retrouvé confiné avec mes charges domestiques, parentales et de couples et professionnelles (parce que même en garde d’enfants, un lien fort avec le travail subsiste).

Yannick reste ouvert à la discussion, ce qui est plus dérangeant c’est d’avoir le sentiment que c’est une faveur et que je dois m’en réjouir.

Malgré tout je ne changerai pas grand-chose dans notre organisation qui nous rassure chacun dans nos champs de compétences et qui donne un cadre apaisant aux enfants. Finalement, le confinement nous a offert tellement de beaux moments en famille. Des moments très précieux qui nous apprennent à ralentir et à consolider le lien familial.